J’aurais voulu l’inventer : le shampoing Fructis

Fructis : tout le monde connaît désormais la petite bouteille verte fluo qui truste les linéaires de shampoings (oui, c’est la nouvelle orthographe… fini le shampooing !) dans nos hypermarchés.
Pourquoi ce produit a-t-il conquis nos salles de bain ? Quelle leçon d’innovation peut-on en tirer ?

Fructis est apparu dans nos rayons il y a plus de dix ans et instantanément ce fut un succès. Deux arguments penchent en sa faveur : l’ingrédient magique que sont les fruits et la couleur de sa bouteille, vert fluo.
Garnier (Groupe L’Oréal) a donc misé sur les fruits pour tenter sa chance au grand bingo des ingrédients magiques pour shampoings. Auparavant, nous avions vu défiler le Karité, le Ylang Ylang, la Vanille de Madagascar ou encore l’Aloe Vera… Des fleurs, des épices, du pastel et de la douceur… la la la !!! Avec Fructis, on a du punch, de l’énergie et des couleurs. Quel changement radical ! Et puis le nom, simple et évocateur est facile à retenir. Les « Obao douceur subtile à la fleur de pétale de rose » n’ont qu’à bien se tenir !
Résultat des courses, un produit qui se vend comme des petits pains alors qu’il est fort probable qu’il ne soit pas le meilleur. Aaaaah Marketing quand tu nous tiens.

La leçon d’innovation du Professeur Poupoutre :

– Pour sortir du lot, prenez le contre courant de tous les autres. Les packaging de shampoing sont tous blancs ou pastels, faites du fluo et coloré ! Ceci est bien évidemment valable sur d’autres critères comme la forme, la matière ou encore le prix. Par exemple, pourquoi ne pas inventer du papier toilette de luxe ? Extra confortable et dans des couleurs chic ? Peut être les nantis ne souhaitent-ils pas avoir un PQ avec des fleurs roses dessus pour leurs réceptions mondaines ? Et à L’élysée, ils ont quoi comme PQ ? Qui veut inventer le PQ à 5€ le rouleau ?
– Dans un secteur où le client accorde plus d’importance à la qualité perçue qu’à la qualité réelle du produit, vous pouvez avoir le meilleur produit et vous planter. Vous pouvez par ailleurs avoir un produit moyen et cartonner car pour des raisons autres (marque reconnue, marketing malin etc…), le client va préférer acheter le vôtre. C’est la raison pour laquelle Coca Cola se vend toujours bien mieux que Pepsi Cola alors que les tests à l’aveugle donnent tous Pepsi comme le meilleur cola.
– Pensez à simplifier l’acte d’achat pour votre client. Beaucoup d’entre nous ne souhaitent pas perdre de temps à chercher un shampoing au supermarché. On repère le vert fluo du Fructis instantanément et il reste un choix facile sur le type de Fructis à prendre et hop, 2 minutes après, on passe à autre chose. Il en va de même pour les sacs poubelle ou pour l’essuie tout. Même hors des supermarchés, vos clients prennent leur décision d’achat à un moment/lieu précis. Faites-en sorte que votre produit bondisse à ses yeux ou au minimum simplifie son choix. Vous avez une pizzeria ambulante ? Ne la faites pas italienne mais Franchouillarde ou essayez de mettre une touche funkie à votre camionnette ! Même sans faire les meilleures pizzas de la ville, il se pourrait bien que votre univers particulier séduise !

Et vous, comment faites-vous pour vous démarquer de vos concurrents ?

J’aurais voulu l’inventer : La tong-décapsuleur

Voilà, l’été a définitivement tiré sa révérence. Il est temps maintenant de regarder en arrière ce qui a rendu cet été 2011 si imprévisible. Et pour certains, ce pourrait bien être la démonstration d’un ami qui a décapsulé toutes les bières de la plage avec sa tong au coucher du soleil.

Oui, intégrer un décapsuleur dans une chaussure de plage, il fallait y penser ! Au premier abord, on peut parler de produit stupide ou inutile (si on peut ramener une caisse de bière, on a bien la place pour un décapsuleur). Mais en regardant de plus près, il y a bien un marché pour ce genre de produits.

Récemment, en regardant un épisode enflammé de Shark Tank, un type est venu présenter un réveil au bacon (avec des vraies tranches de bacon et un système pour le réchauffer quelques minutes avant l’heure du réveil…). Je ne rentre pas dans le détail, reste que 4 investisseurs lui ont ri au nez tandis que le 5ème restait étrangement calme. Il explique ensuite qu’il était à deux doigts d’investir car ce produit n’est pas, comme son inventeur le présente, le meilleur réveil de tous les temps, mais c’est tout simplement un cadeau gag, qui peut se vendre comme des petits pains au moment de la fête des pères par exemple… et qu’il y a de l’argent à se faire dans l’univers du cadeau-gag.

La tong-décapsuleur est donc de ceux-là : on l’achète pour fanfaronner auprès des copains lors d’une soirée arrosée, on rigole un bon coup et c’est déjà pas mal. Combien de personnes ont des applications iphone totalement stupides et sont très fiers de les montrer à tout le monde ?

tong decapsuleur 2

La leçon d’innovation du Professeur Poupoutre :

– La règle d’or est sans surprise : SURPRENDRE ! Même si votre produit est inutile, si il surprend, il se pourrait qu’il se vende. Parfois, un produit très utile, mais peu surprenant ne va pas trouver d’acheteurs. L’idéal restant évidemment de proposer un produit surprenant ET utile !
– Le cadeau-gag ne se destine pas à tous les marchés. Vous augmenterez vos chances si il concerne les univers de l’alcool festif, des célébrations, du vulgaire ou encore des produits du quotidien (pâtes, papier toilette, brosse à dents etc..). Bon, d’accord, c’est un sujet léger, mais tout de même, si le type qui conçoit les zizis sauteurs ou la planche à clous qui prend la forme de la main lit ces lignes, ça m’intéresserait de l’interviewer ! A bon entendeur.

Mon entreprise avant la fin de l’année… prochaine !

A vous qui suivez mes pérégrinations entrepreneuriales sur ce blog (j’ai toujours rêvé de placer une expression de ce genre ici !), voilà les dernières nouvelles du front.

Que l’on ne me parle plus de la fuite des cerveaux SVP ! Je connais très peu de chercheurs français qui sont venus aux USA et qui ne rêveraient pas de revenir en Europe et encore plus en France ! Sauf qu’après les avoir envoyés « se faire une expérience à l’étranger », on ne leur laisse pas la possibilité de revenir, privilégiant aux concours du CNRS et autres postes de recherche des étudiants frileux qui n’ont pas su aller se former ailleurs. Fichue règle que celle qui veut que les candidats soient dans l’obligation d’être soutenus par un labo en France pour avoir un poste en France…
Bon ben du coup, alors que l’on ne souhaite que rentrer en France, on va rester plus longtemps à Los Angeles. Le boss de ma femme a réussi à trouver des fonds pour qu’elle puisse continuer la recherche en espérant qu’une place se débloque l’an prochain (sans cela, c’était retour en France chez Papa/Maman, au chomedu avec un môme… pas brillant pour des Bac +5 et Bac +8…).

Bref, tout ça pour dire qu’on reste au moins un an de plus aux USA, que je n’ai toujours pas le droit d’y monter mon entreprise et que le temps « sans boulot officiel » commence à se faire long.

Plusieurs options s’offrent à moi :

– Continuer mon projet, lentement mais sûrement, 2h par jour environ.
– Démarrer un nouveau projet entrepreneurial, plus simple, moins risqué, du genre e-commerce. Reste à voir sous quel statut ce serait possible… il me semble que je ne peux pas non plus domicilier une entreprise en France en habitant à l’étranger.
– Chercher un boulot de nouveau. Cette fois-ci, je pourrais avoir mes chances car mon autorisation de travail s’étendrait sur une période de 2 ans au lieu d’1, ce qui est plus encourageant vis à vis des recruteurs.

Je cogite, je cogite.

Fin du billet d’humeur !

J’aurais voulu l’inventer : le Kinder Surprise

Quand et pourquoi a-t-il été inventé ? A quoi lui doit-on une telle longévité ? Et si vous inventiez le Kinder Surprise de votre secteur ?

Petite histoire du Kinder Surprise :

Il a été inventé en 1975 sur une opportunité industrielle. Les machines utilisées pour fabriquer les oeufs de pâques n’étant pas utilisées la majeure partie de l’année, M. Ferrero eut l’idée d’en tirer profit pour créer des oeufs qui seraient consommés toute l’année. A l’instar des oeufs de Pâques traditionnels, il a logiquement décidé de proposer des petits jouets à l’intérieur pour le bonheur des petits… et bientôt des plus grands ! En effet, avec l’apparition des séries limitées (reprenant des licences à la mode telles que les Simpson ou Mickey Mouse ou encore la création de leurs propres séries telles les Happy Hippos), la marque s’ouvre aux collectionneurs et les jouets Kinder s’échangent comme des timbres ou des pièces de monnaie.
La seule ombre au tableau à ce jour est sa récente interdiction sur le sol américain en raison de la petitesse des pièces composant les jouets.

Pourquoi j’aurais voulu l’inventer ?

Parce que c’est un produit universel qui plait aux petits comme aux grands. Parce que Ferrero a réussi à transformer un produit existant (un oeuf de Pâques) en un objet de collection (dans le même genre, la Barbie est pas mal non plus !). Parce que chaque adulte a une histoire à raconter avec un oeuf Kinder et qu’il voudra invariablement que son enfant connaisse la joie de la petite boite jaune si difficile à ouvrir (ce n’est plus le cas… sniff… je suis en train d’en manger un et ils ont considérablement amélioré leur système d’ouverture. Nostalgie, quand tu nous tiens…). Parce que cette friandise a une valeur ajoutée inégalable, un jouet !

La leçon d’innovation du Professeur Poupoutre :

– Soyez opportunistes ! Le Kinder Surprise n’aurait jamais existé sans la sous- exploitation des machines à faire des oeufs de Pâques. De telles opportunités se trouvent probablement dans votre environnement industriel, notamment du côté des produit saisonniers (les camions de glaces, les chambres d’hôtel, la galette des rois…).
– Proposez de la valeur ajoutée par rapport à la concurrence. Quel pourrait-être votre « jouet Kinder » ? Ce petit plus qui ferait préférer votre produit ou qui justifierait un prix plus élevé (c’est pas cadeau les Kinder Surprise !)
– Créez des produits « collector ». Même si ce conseil ne s’applique probablement pas à tous les secteurs (je pense notamment aux  vannes en laiton à boisseaux sphériques…), vous pouvez sûrement jouer sur la corde sensible de vos plus grands fans (et a fortiori vos meilleurs prescripteurs) en leur proposant un produit en édition limitée ou avec des caractéristiques hors du commun. Jouez également sur l’esprit collectionneur qui sommeille en chacun d’entre nous. Ce n’est pas pour rien si les nouvelles tendances de la « gamification » font appel massivement aux médailles à collectionner et autres « exploits » à débloquer pour prouver votre engagement inconditionnel envers votre marque préférée.
– Vous avez remarqué que je n’ai pas parlé une seule fois de chocolat dans cet article ? Ça donne à réfléchir, non ?

Alors ? prêts à inventer le Kinder Surprise de demain ?

Biomimétisme : innover grâce à la nature

Connaissez-vous le biomimétisme ? C’est la démarche qui consiste à s’inspirer de la nature pour découvrir de nouvelles solutions pour notre monde.

C’est un domaine vraiment passionnant, qui fait le pont entre l’étude des plantes ou des comportements animaux d’une part, et l’industrie, les entreprises d’autre part. Citons comme exemples célèbres de produits issus du biomimétisme les nouvelles combinaisons de natation inspirées de la peau de requin ou encore le velcro, inspiré de ces %#*$@# de gerris qui s’accrochent à tous nos vêtements quand on se promène en forêt…

Je ne vais pas parler ici du biomimétisme en tant que discipline scientifique et qui s’illustre notamment par des avancées hautement technologiques. Sur ce sujet, lisez l’excellent article de Gauthier Chapelle, truffé d’exemples concrets. Je vais plutôt vous parler de son application en innovation, accessible à chacun d’entre nous.

Le postulat est simple : puisque selon la théorie darwinienne les espèces animales et végétales présentes sur Terre aujourd’hui sont le fruit d’une sélection naturelle féroce sur des millions d’années, peut être y a-t-il des enseignements à en tirer et que, tout compte fait, la nature est bien faite. Ne sommes-nous pas prétentieux à vouloir faire mieux que la nature, en se basant sur notre courte expérience de quelques centaines d’années ?

En créativité, en technique de résolution de problème ou en design, les idées peuvent nous être soufflées par Dame Nature… et pas de crainte, elle ne portera pas plainte pour plagiat !

Voici comment procéder :
– définissez le sujet : un problème à résoudre, un produit à inventer ou à designer etc..
– demandez-vous comment un animal ou un végétal a répondu à ce problème.
– cherchez  les moyens techniques utilisés par l’être qui a résolu ce problème.

Prenons quelques exemples :
Vous avez une entreprise de chariots élévateurs. Regardez comment les éléphants procèdent pour lever du bois en Inde. Ou encore les techniques utilisées par les oiseaux pour amener un maximum de brindilles au nid.
Vous travaillez dans l’audio-visuel. Observez les différentes ruses utilisées par les animaux pour être vus ou entendus et développez de nouveaux concepts (hauts parleurs sous marins grâce au chant des baleines, lumière sans électricité grâce aux lucioles etc..)
Vous développez des gants de ski ? Demandez aux ours polaires ou aux lapins des neiges comment ils font pour supporter le froid !

Les avantages de cette méthode sont multiples :
– Les procédés techniques sont connus et bien documentés. Les biologistes ont fait tout le boulot !
– Les solutions adoptées par la nature sont généralement très économes (en énergie, en ressources etc…)
– La question des droits d’auteur ne se pose pas. A moins que les créationnistes ne se rebellent et demandent aux entreprises de verser un tribut aux représentants du Tout Puissant pour toute utilisation du biomimétisme 😉

Et vous ? Vous utilisez le biomimétisme ?

J’aurais voulu l’inventer : le sapin de noël Ikea

Ikea vous offre votre sapin de noël gratuitement et ce depuis plusieurs années !

En détail, l’offre consiste à aller chercher son sapin dans un Ikea pour 20 € (pas trop cher pour un sapin déjà). Une fois le sapin « consommé », c’est à dire quand il a bien semé toutes ses épines dans votre salon et que vous osez enfin le prendre avec les mains, vous le rapportez au même endroit en échange de quoi votre enseigne suédoise préférée vous donne un bon d’achat de 19€ et verse l’euro restant à l’ONF (Office National des Forêts).

Avantages pour le client :
– Bein, un sapin gratuit, ça ne se refuse pas… surtout en région parisienne (parce que les mini sapins qui tiennent dans un pot de fleur et qui coûtent 35€, c’est franchement pas dans l’esprit de noël…)
– En plus, il fait une bonne action (Youpi, c’est noël !)
– On peut avoir un beau sapin naturel sans culpabiliser après les fêtes de l’avoir inutilement arraché à Dame Nature.

Avantages pour l’enseigne :
– Coup de pub évident et renforcement de son image écolo.
– Le « pelage » et le séchage des sapins est fait gratuitement, chez le client. Il n’y a plus qu’à le broyer pour récupérer la matière première des meubles Ikea : le copeau de bois.
– Le client se déplace deux fois au magasin et en période de fêtes… « Tiens, et si on offrait une chaise Skölstur à Jean-Jacques pour noël ? »

La leçon d’innovation du Professeur Poupoutre :

Faites participer les clients à votre entreprise. D’une part, ils se l’approprieront et deviendront des clients fidèles et impliqués, d’autre part, en échange d’un « cadeau » de votre part, ils pourraient bien faire une partie de votre travail ! Par exemple, si vous fabriquez des chaussures, proposez à vos clients de ramener leur ancienne paire et offrez leur un bon d’achat sur votre nouvelle gamme. Vous pourrez ensuite donner ces paires usées à des oeuvres caritatives ou les récupérer pour mettre au point une gamme « recycled shoes » par exemple.

– Ayez une offre qui surprend pour faire parler de vous. Le sapin de noël gratuit, ça c’est une bonne affaire ! La carte de fidélité Auchan qui vous rapporte 2% sur vos achats… bof bof. Pour surprendre, le contre-pied est une technique qui fait souvent mouche. Prenez le commerce équitable par exemple. Un client vous demande comment il peut être sûr que le producteur qui est en photo sur le paquet de café va bien recevoir l’argent qu’il vient de vous donner. La réponse est simple : il n’en verra pas un centime ! … laisser un blanc et regarder la mine du client changer de couleur… La raison étant que dans le commerce équitable, le producteur est payé immédiatement pour sa production. Si le produit est devant les yeux du client, cela signifie que le producteur a déjà été payé depuis longtemps et que l’argent du client servira à encourager un autre petit producteur. De quoi convertir le plus indécis des consommateurs, non ?

Aidez les clients à faire ce qu’ils n’osent pas faire seuls. Comme donner à une oeuvre caritative par exemple. Là, l’exemple de Jimmy Fairly est tout trouvé. Pour l’achat d’une paire de lunettes, une paire est offerte à une personne dans le besoin. Tout seul, on ne le ferait pas, mais une entreprise, avec le regroupement de ses clients, peut agir globalement et plus efficacement. C’est un avantage dont il faut savoir profiter !