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J’aurais voulu l’inventer : le canoë transparent

Petit rappel d’innovation à la sauce Sylvain (c’est à dire, pas avec les définitions officielles !)

Innovation incrémentale : une innovation « logique » où un élément constitutif du produit est amélioré, où l’on ne modifie qu’une fonction du produit. Exemple : après le rasoir 3 lames, quel va être le prochain produit de chez Gilette ? Bingo ! 4 lames… innovation incrémentale donc. Globalement, c’est une stratégie peu risquée car l’image de la marque ne change pas, il n’y a pas beaucoup de frais de R&D ou de changement de la chaîne de production.

Innovation de rupture : c’est quand le nouveau produit est inattendu. Il représente un saut, une avancée soudaine dans son domaine. C’est évidemment plus risqué, mais si le produit rencontre son marché, il y a généralement plus de retombées. Exemple : le CD, qui a succédé aux cassettes audio. Le caractère hautement risqué de ces innovations fait qu’elles n’apparaissent généralement pas dans des grandes entreprises, avec une image forte et bien assise. C’est la chance des petites entreprises (ou même des entreprises sur le déclin, qui s’offrent parfois un rebond extraordinaire), qui n’ont rien à perdre.

Causons un peu du canoë transparent maintenant… Tout d’abord, le voici :

Canoe transparentIl n’y a pas grand chose à dire sur le produit en lui- même… les images parlent d’elles- mêmes. C’est juste excellent. J’adorerais faire un trip de plusieurs jours en canoë, en pleine nature… Alors si en plus on peut voir au travers… je signe tout de suite !

Alors, vous en pensez quoi ? Innovation incrémentale ou de rupture ? Pas facile, hein ? Je dirais plutôt de rupture dans la mesure où en regardant n’importe quel canoë actuel, l’idée ne saute pas aux yeux. Par ailleurs, si à première vue, l’innovation porte sur une seule dimension (la matière / design), à l’usage, il s’agit bien d’une toute nouvelle expérience.

Une technique de créativité bien connue consiste à modifier une dimension du produit à la fois pour faire émerger de nouvelles idées. « Et si le canoë était minuscule ? », « Et si le canoë était très très lourd ? », « Et si le canoë était transparent ? »…

Voilà, c’est tout… c’est tellement cool que c’est quelque chose que j’aurais vraiment voulu inventer… Et en plus, en me penchant sur la question du canoë, c’est certainement une idée qui me serait venue à l’esprit durant une séance de créativité. Non, en fait, vous savez ce qui serait encore plus cool ?

Un kayak transparent ET PLIABLE (il tient dans un sac à dos !) :

Kayak transparent

J’aurais voulu l’inventer : le Post-it

Post-it de couleurs

Grand classique des cours d’innovation, l’histoire du Post-it et de l’entreprise 3M qui l’a commercialisé n’en sont pas moins passionnants.

3M a connu son premier succès commercial grâce au scotch, dans les années 1920. Tout en se focalisant toujours autour des rubans et des colles, la société se diversifie avec le temps, avec les bandes d’enregistrement pendant la seconde guerre mondiale ou encore la surface abrasive Scotch-brite en 1950. Ce qui n’a jamais changé : des chercheurs qui travaillent sans application industrielle en tête… Ils découvrent alors des matériaux aux propriétés nouvelles et en trouvent ensuite des applications pratiques. Quelque part, c’est un peu comme la recherche fondamentale face à la recherche appliquée : on ne sait pas aujourd’hui ce que ça va nous apporter, mais on peut être certain que les plus grands bouleversements de demain viendront de là… (aujourd’hui déjà, le photovoltaique, le GPS ou encore internet découlent directement de la recherche fondamentale).

Peut-on d’ailleurs généraliser et dire que la recherche appliquée ne peut qu’aboutir à de l’innovation incrémentale et que la recherche fondamentale peut amener à de l’innovation de rupture ? Bon, je m’écarte de mon Post-it là…

Le Post-it, justement… pas étonnant dans ce contexte d’entreprise que lorsqu’un chercheur découvre, en 1970, un adhésif qui se colle et se décolle à l’infini sans laisser de trace, ils aient inventé le Post-it ! Et pourtant, il aura fallu qu’un des collègues dudit chercheur utilise sa colle pour créer des marques pages pour ses partitions de chorale, puis qu’il parvienne à convaincre les responsables de 3M que ce produit avait de l’avenir, et enfin développer et industrialiser le produit pour une sortie… 10 ans plus tard, en 1980.

Même si il est a priori difficile d’identifier ce qui a germé dans l’esprit de ce chanteur de chorale d’utiliser cette colle sur de petits bouts de papier, en réalité, c’était plus probable que cela arrive chez 3M qu’ailleurs. Cette entreprise a toujours placé l’innovation et la créativité au coeur de son métier : ils déposent actuellement près de 600 brevets chaque année et sont réputés pour avoir très tôt utilisé les « sorties créatives » ou comment donner une journée complète à tous ses employés pour les lâcher dans la nature à la recherche d’idées nouvelles…

Et vous, peut être avez-vous une idée Post-it qui dort dans votre entreprise ? Faites-vous tout ce qui est possible pour ne pas passer à côté ?

J’aurais voulu l’inventer : la Logan !

Non pas que je sois fan… Je ne suis d’ailleurs même jamais monté dans une Logan !

Ce qui me plait, c’est que cette voiture low cost a été à l’initiative de Renault. Après coup, on se dit que c’est une réussite, 1 million d’exemplaires vendus et un positionnement différent selon les pays (avec utilisation de 3 marques du groupe : Renault, Dacia et Nissan…).

Mais je me mets deux secondes dans le bureau du Boss le jour de la décision…
Le Boss : Bon, les gars, on la lance ou on la lance pas cette voiture low cost ?
L’ingénieur chef : Bein on la lance ! On a fait un travail de titan pour réinventer tout le processus et puis elle est fiable, pas chère à entretenir et elle va même nous rapporter de l’argent ! et puis c’est une bonne excuse pour fabriquer des autos en Roumanie, accessoirement…
– Ouais bon d’accord, mais on ne risque pas de frustrer le peuple français… C’est qu’ils sont susceptible ces zouaves ! Ils ne vont peut être pas aimer que l’on investisse l’argent qui vient de leurs commandes de Renault à 15000 € minimum pour fabriquer une voiture à 5000 € destinée à d’autres pays !
– Alors on n’a qu’à la leur vendre à eux aussi !?
– Vous n’y pensez pas mon cher Edmond (oui, il est vieux l’ingénieur chef), et si les Français ne voulaient plus acheter nos autres modèles ? On risque de canibaliser nos propres produits sur ce coup là !

Au final, je ne sais pas ce qui l’a influencé (bon si, un peu, ils font des tas d’études d’opinion avec les plus grands experts et tout et tout) mais je dis chapeau pour avoir pris la décision !

Et puis finalement, c’est pas mal une voiture qui utilise encore la bonne vieille mécanique. Vous vous souvenez, cette technique qui ne nécessite pas d’ordinateur pour remettre à 0 le capteur ou pour ouvrir une portière…

Oui vraiment, la Logan, j’aurais bien aimé oser l’inventer !

J’aurais voulu l’inventer : la toupie pomme

Toupie pomme

Cet objet incroyable est un vrai casse-tête de physicien…

J’avais découvert cette toupie lors d’une classe verte dans les vosges en CM2 ! Étrangement, presque personne ne connait cet objet. Elle a plein de noms différents : toupie tomate, toupie pomme, toupie demi tour tango, toupie tippe-top ou encore toupie magique…

Il est difficile d’expliquer l’effet d’une toupie alors voilà une vidéo où elle apparait (à partir de 1 min 30) :


Episode 01 – Les toupies by arbredesreves

Belle invention, non ? L’histoire ne dit pas si elle a été inventée par erreur ou volontairement, mais si vous voulez modéliser son mouvement par des équations… bonne chance !

Voici le lien vers un brevet de 1953 si ça vous intéresse : http://worldwide.espacenet.com/publicationDetails/biblio?CC=FR&NR=1024759A&KC=A&FT=D&date=19530407&DB=&locale=fr_EP

Pour les curieux, le reste de la vidéo est intéressant par ailleurs… l’univers des toupies… tout un programme !

J’aurais voulu l’inventer : les lunettes Zenka

Zenka

Quoi de plus bête que des lunettes ? Après tout : ce ne sont que des verres avec une monture pour les faire tenir.

Zenka a réussi à innover de l’une des manières les plus simples qui soit : la personnalisation.

Vous voulez une paire de lunettes qui va bien avec un costume, mais qui ne fait pas trop intello en discothèque ? A l’époque (il y a une petite dizaine d’années), soit vous avez deux paires de lunettes; l’une n’étant plus trop à votre vue puisqu’elle date d’il y a 2 ans (les assurances ne remboursant qu’une paire par an en général), soit vous avez choisi une paire tout simple, passe partout et envisagez sérieusement de prendre des lentilles de contact la prochaine fois. Quitte à faire invisible… autant aller jusqu’au bout !

Chez Zenka, vous avez une seule paire de verres (avec la base de la monture) et dessus, vous pouvez mettre tout un tas de clips différents, en couleur, avec des formes rigolotes, sans clip pour être sérieux etc..

Résultat, les lunettes deviennent un accessoire de mode et les clientes (soyons réaliste…) suivent de près la sortie des derniers modèles de clips dans l’espoir qu’il y en ait un pour aller avec cette superbe robe fraichement achetée.

J’aime beaucoup l’idée, le décalage s’est créé, je pense, en ne considérant plus les lunettes comme un accessoire médical qui peut éventuellement être joli, mais comme un accessoire de mode qui peut éventuellement permettre de corriger la vue. Tout de suite, ça donne plus d’idées !

Leur site web : http://www.zenka.fr

Edit : Une petite narque de lunettes qui vient de se créer sur le principe du « Buy one, Give one »… C’est français, ça s’appelle Jimmy Fairly et c’est très chouette ! http://www.jimmyfairly.com/

J’aurais voulu l’inventer : la glace Ben & Jerry’s

Ben & Jerry’s, pour ceux qui ne connaitraient pas (et qui du coup manquent quelque chose de grand !), c’est de la glace en pot. Quoi ? C’est tout ? Oui, mais attendez, je ne vous ai pas tout dit.

Ma première expérience de Ben & Jerry’s remonte à peu de temps… Bien que la marque existe depuis 1978 aux USA, elle n’est arrivée dans les grandes surfaces françaises qu’en 2007. Un copain qui revient des États Unis me dit que c’est dément et qu’il faut que j’essaie… remarquez comme le vocabulaire, sorti du contexte, peut porter à confusion quant à la nature addictive du produit !
A cette époque, les industriels cherchent à inventer des goûts tarabiscottés et à les mettre en arômes dans les yaourts ou dans les glaces allégés au possible et c’est également le moment où ils essaient de mettre un minimum de produit dans des gros emballages (si vous mangez souvent du fromage râpé, vous voyez de quoi je parle).
Bref, revenons à notre histoire. J’ouvre le pot et je constate – avec des étincelles dans les yeux – qu’il est plein à ras bord. En fait, il déborde, il y a de la glace au dessus du bord ! Eh bein, ils ne se fouttent pas de nous chez Ben & Jerry’s ! Et puis dès les premiers coups de cuiller, on tombe sur des morceaux… des morceaux de pâte à cookies pas cuite et surtout des morceaux ENORMES ! Bon, je creuse autour et le déguste plus tard… On retrouve alors tout le plaisir de la pâte à gâteau que l’on déguste du doigt avant de la mettre à cuire ! C’est très gras et sucré, c’est plein de calories, mais c’est justement ce qui fait la force du produit : c’est de la glace pour se faire plaisir !!! Et comme émotionnellement, on est également touché (pour les raisons citées ci dessus), on devient accro… Et voilà, l’affaire est bouclée !

Pour couronner le tout, les ingrédients sont estampillés commerce équitable, le chocolat est délicieux et ils jouent sur cette image locale de la ferme du Vermont où ils ont fait leurs classes… Alors si en plus on a bonne conscience…
Et enfin, les types sont sympa, ils offrent des glaces à tout le monde une fois par an dans tous les États Unis histoire de montrer que c’est cool de manger des glaces Ben & Jerry’s !

Voilà, pas vraiment besoin de vous expliquer pourquoi j’aurais voulu inventer cette marque de glaces : contrepied parfait du leader de la glace aux USA à cette époque. Haagen Dazs (qui est américain pure souche… si si !), mise alors sur la santé, sur un produit nature et tranquille. Les deux loustics arrivent et jouent la carte de l’abondance, de l’excès et du plaisir, ce qui correspond parfaitement au produit « crème glacée ». Ils talonnent aujourd’hui Haagen Dazs avec près d’un tiers de part de marché.